Rage, rage against the dying of the light | Loki

I

l faisait déjà nuit, la réunion du Jarl ayant duré plus longtemps que prévu. Il était assez rare qu’elle finisse à l’heure de toute manière, depuis qu’elle avait obtenu ce poste haut placé administrativement, proche du pouvoir du quartier Nordique. Elle n’avait pourtant jamais partagé l’ambition de son époux. Mais ils en étaient là, rôles étrangement inversés, Loki dans une librairie, et elle secrétaire du Jarl. Sigyn n’aurait jamais un jour imaginé que cela pourrait arriver, mais elle n’avait pas imaginé que bien des choses puissent arriver… Qu’on lui prenne si cruellement, si injustement ses deux enfants.
Comme à chaque fois qu’elle pense aux jumeaux (tout le temps, tout le temps) des larmes lui montent aux yeux, et le trou béant dans sa poitrine se transforme en volcan en éruption. Peine, et rage. A peu près tout ce qu’elle ressentait depuis…
…Elle se reprend juste avant de rentrer. Pas besoin d’émotivité, pas quand ils avaient tant de choses à accomplir.

Elle ouvre la porte d’une seule main, tournant les clés, son autre bras occupé avec un énorme paquet de dossiers.

« Je suis rentrée ! » Elle signale lorsqu’elle entre enfin chez eux. La déesse dépose les dossiers, puis retire son manteau-cape, et ses talons hauts. Elle soupire de soulagement lorsqu’elle quitte la prison, et masse ses pieds douloureux en se tenant au mur pour garder l’équilibre. Elle n’était pas encore habituée à ces chaussures modernes, hautes et horriblement inconfortable… Mais il fallait qu’elle joue le jeu des apparences, qu’elle s’adapte. C’était pour cela aussi, qu’elle arrivait à montrer ses jambes et ses bras à quelqu’un d’autre que son mari, sans se transformer en pivoine. Elle avait eu beaucoup de mal, au début, mais par exemple aujourd’hui elle portait un ensemble tailleur violet avec une jupe. Elle préférait encore les jupes courtes aux pantalons, qui serraient trop à son goût. Il y avait tellement de changement, dans ce nouveau monde, et c’était difficile à suivre. Après des années passées dans une grotte à tenter de protéger le plus possible son époux de sa torture, sans avoir le temps de faire le deuil de ses enfants, ils arrivaient là… Heureusement ils étaient au moins ensemble. Sans cela… Elle ne savait pas si elle aurait pu continuer.

« Mon amour, ta journée s’est bien passée ? » demande-t-elle d’une voix douce lorsqu’elle le trouve enfin dans la maison. Malgré tout elle restait une épouse loyale, même si elle se battait contre la dépression.

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